Journée familles

24 juin 2018

Vers La Madeleine…
Quelques kilomètres de plat entre Oloron et St-Pé avaient pu donner l’impression que la jambe était légère malgré les efforts de la veille dans la montée du col de Spandelles, où le silence et la beauté s’échangent toujours contre une bonne part de sueur.
Or dès les premières pentes vers Esquiule je sentis naître le doute. Certes, la motivation des quatre femmes de la compagnie était palpable bien avant le départ, et pouvait expliquer leur allure enjouée
et conquérante, mais cela ne suffisait pas à dissiper en moi la discrète inquiétude. Quelques kilomètres plus loin, alors que mes doutes se précisaient, m’incitant à supposer que mes jambes n’avaient peut-être pas recouvré leur aptitude à défier la pesanteur, notre quatuor de charme continuait à deviser gaiement, le souffle nullement affecté par la réalité du pourcentage.
Puis on passa Barcus et Burgia, et il y eut un  segment de route facile où il était encore possible de profiter sans douleur de la quiétude bucolique des collines basques. Un moment encore, que je vivais comme une forme de sursis, j’avais pu laisser mon esprit s’abandonner au leurre…
Mais tout à coup la route s’est cabrée. Là où commence véritablement la rampe sévère qui conduit au col de Sustary. Là où en d’autres temps j’avais trouvé la rudesse de la pente plus stimulante que décourageante. Les compagnes et les compagnons peu à peu disparaissaient de ma vue. Ils grimpaient avec ardeur et sueur. Peut-être dans la douleur, chacun en lutte, en dialogue serré avec les dents qu’il avait choisies dans le répertoire du pédalier, mais ils grimpaient ! Tandis qu’en moi la mécanique se grippait. Le souffle devenait haletant, de plus en plus court. La contraction musculaire ne libérait plus l’énergie nécessaire. Par deux fois je mis pied à terre, hagard et tremblant. C’est là que je sus qu’en fait mes jambes avaient été ravagées par la déshydratation, faute de boire suffisamment, loin s’en faut, huit jours plus tôt dans la fournaise duTourmalet. Implacable mais incontestable verdict après une lamentable bévue. Un rappel que l’eau et les espèces minérales qu’elle contient sont nos essentiels constituants, et que l’on n’insulte pas la nature impunément.
Au pied de la montée finale – péniblement atteint pour ma part - , sans avoir eu besoin de le décider j’ai renoncé, contraint par l’évidence, à viser la chapelle de La Madeleine. Les autres ont poursuivi, armés de vaillante confiance. Sauf Jean, resté pour me tenir compagnie, plus gaillard que moi mais estimant raisonnable de s’en tenir là.
Les tracteurs agricoles arpentaient pleins gaz les prairies pentues pour les travaux de fenaison, et l’on se réjouissait tous les deux de cette campagne épargnée par la frénésie de la destruction des haies, des comblements de fossés et des déboisements.
Assis dans le creux tapissé de foin fraîchement coupé au pied du talus qui borde la petite route, le front baigné de soleil, je contemplais l’horizon où se découpaient sur le ciel vibrant de chaleur les silhouettes frontalières de Soule et de Barétous.
Vivre chaque seconde de ces larges minutes données est une grandiose expérience de paix.
Deux à trois quarts d’heure plus tard, les vainqueurs de La Madeleine étaient de retour. L’auréole de joie était visible autour de leurs visages. Serrant les dents, de leurs jarrets incandescents les quatre filles avaient arraché le sommet, quitte à bouffer les gravillons au fond des innombrables nids de poules devenus avec le temps d’hostiles nids d’autruches, elles avaient touché la chapelle, elles avaient eu le bonheur d’embrasser un panorama d’exception, puis elles s’étaient lancées dans la descente, secouées comme des putains de pruniers au passage de chaque putain de grossière rigole et de chaque putain de barbare barrière canadienne. Et enfin, elles et leurs compagnons d’ascension rejoignaient la paix qui avait régné pour Jean et pour moi, en les attendant.
Nous sommes repartis par où nous étions venus, nous extasiant devant tout ce  que nous avions gravi, dévalant désormais dans une chatoyante euphorie.
Nous avons filé bon train sous le soleil, puis rejoint la ferme auberge Estrem à Cardesse, où nous attendaient les amis qui avaient suivi un autre parcours, sous la conduite de Georges et de Michou, valeureux capitaines.
Il nous fut servi une savoureuse préparation culinaire, qui était bien de celles que l’on aime partager pour leur saine simplicité, et dont on se régale par le raffinement de ce qui a mijoté pour satisfaire le goût.
Ainsi le mot « Famille »prenait tout son sens, et l’on mit du temps à se séparer.

La possibilité de choisir entre deux parcours avait été annoncée :

- pour ceux qui préfèrent partir de Poey à vélo :
un tracé sera défini par Georges avec retour à Poey
puis départ en voiture pour Cardesse.

- en revanche, pour ceux qui préfèrent la seconde option
il paraît sage de modifier le point de départ initialement fixé à Cardesse.
En effet, plusieurs d’entre nous ont manifesté le désir de monter à La Madeleine.
Or le parcours serait de 80 km, ce qui nous semble un peu excessif
dans l’esprit d’une journée « Familles ».
En conséquence nous proposons un départ à vélo
d’Oloron-Sainte-Marie :


Oloron – Esquiule – Barcus – Col de Sustary (444 m) –
Tardets – Montory –
Lanne-en-Baretous
– Aramits – Ance – Féas – Oloron

56 km
ou
61 km

pour ceux qui effectueront la montée de La Madeleine
(bifurcation peu avant le Col de Sustary)

Dans tous les cas
rendez-vous à Poey à 7h30