Jeudi 30 Mai

Haut'acam

Belle sortie ce matin du coté de la vallée de Loulou avec une vue superbe sur les pyrénées dégagées tout au long de la montée. Tout le monde est monté à son rythme jusqu'au col de tramassel sauf Loulou: "le Hautacam c'est Hautacam" 😃. S'en est suivi une descente infernale menée par Ghis qui malgré les gravillons présents sur le bitume a oublié qu'elle avait des freins. 

Après toutes ces calories éliminées, Pierre d'Agos nous avait préparé un excellent repas. Des conditions idéales qui donnaient presque envie de reprendre le vélo, heureusement il y a dimanche, On s'y col au soulor, alors à dimanche  😉

D’Agos-Vidalos à Hautacam

Agos-Vidalos appartient maintenant à l’histoire du cyclo-club de Poey, parce que Louis nous emmène par d’autres detours. En le suivant sur les passages familiers de son enfance nous étions proches des sentiments qui avaient été les siens à l’époque où il jouait au foot par ici, quand il commettait par là quelques uns des quatre-cents coups qui marquent un âge où prévaut encore l’innocence. Ou bien encore lorsqu’il évoque Jacques Chancel, qui vivait alors dans la maison d’en face, et l’on imagine qu’avant de devenir illustre, l’homme à sa fenêtre avait devant lui l’image simple et vivante de l’enfant Louis gambadant dans son jardin. Un peu plus loin, ayant traversé le gave tumultueux, grossi par les pluies de Mai, il y eut ce passage inattendu au pied de la toute petite église Saint-Barthelémy de Boô. Son clocher n’a peut-être que trois siècles, mais ses fondations semblent avoir l’âge de la pierre qui arme son socle. D’humble dimension, l’édifice bâti sur un éperon rocheux veille avec une noblesse de cathédrale sur les âmes paysannes et sur les émois des amoureux endormis dans la paille des granges voisines.
C’est à Arbouix, quelques kilomètres plus loin, que commence la montée vers Hautacam. Nous sommes une dizaine à vouloir défier la pente. Pour la plupart ce n’est pas la première fois. Mais chacun vérifie qu’en cette matière l’habitude n’adoucit pas la difficulté. A chacun son rythme, et l’allure qui lui est propre, mais pour tous l’effort élève l’âme, et à tous est promise la splendeur du paysage, et la joie d’avoir une fois encore atteint chacun son sommet. Et ce que l’on retient peut-être de cet effort, à travers la vapeur brûlante de la sueur, c’est la lumière sans frontière, qui baigne les sommets à perte de vue, et emplit les vallées ivres de verdures étoilées de gentianes au bleu sublime.
La descente fut comme toujours ce moment offert par la gravité, cadeau de vitesse et de friction du visage dans l’air frais et pur, avec quelques restrictions, imposées par les gravillons et par l’invisible que masquent les courbes de la route, ainsi que par l’engourdissement des doigts crispés sur les poignées de freins, ou le raidissement parfois douloureux de la nuque condamnée à lutter contre son penchant pour soutenir la concentration du regard.
Et puis de retour dans la plaine, le relâchement qu’offre la souplesse retrouvée à la faveur d’un léger faux-plat descendant, laisse le loisir d’imaginer la buée promise sur la paroi du verre de bière qui nous attend chez Pierre d’Agos.