de Poey à Monségur, parfum de Chalosse

Se réveiller à 6h30, se mettre en selle une heure plus tard, quel boulot, le vélo !
Mais c’est ainsi, on y revient, au rythme de l’horloge hebdomadaire.
Homme ou femme, il y a en nous un désir de rondeur. De toutes sortes de rondeurs. Le sein maternel, premier relief connu, aura gravé en nous cette quête.
Le dimanche matin, par la magie du geste rond du pied qu’entraîne le mouvement rond du pédalier, survient le roulement miraculeux qui nous transporte, et notre regard émerveillé caresse les rondeurs du paysage...
Treize au départ ce matin, même si la photo ne compte que douze pèlerins. Pèlerins, car d’emblée solidaires de marcheurs salués sur la route aux abords d’Arthez-de-Béarn, haut lieu de passage de sacs-à-dos ornés de coquilles St-Jacques, sur ce chemin de Santiago où chaque pas, malgré les douleurs plantaires, sera propice à la méditation.
Puis vinrent Mesplède, Hagetaubin, et une succession de côtes nous conduisant par Labeyrie et Castelner, villages sis sur des mamelons gagnés à la force du jarret, où l’on vit peu à peu apparaître les pins annonciateurs des Landes proches.

L’un des attraits du cyclotourisme est précisément cette possibilité, en quelques heures, de voir évoluer les topographies, les paysages, et les architectures des églises et chapelles, des habitations et des granges, et de s’abandonner chemin faisant à la rêverie que suscitent les vieilles pierres. Monségur, département 40, bastide où des fouilles archéologiques mirent naguère au jour des tumuli néolithiques ainsi que des monuments mégalithiques, fut pour nous le point le plus éloigné.
Le retour se fit à allure idéale, par Malaussanne et Arzacq. Un total proche de cent kilomètres pour un dénivelé de plus de mille mètres. De quoi faire que nos jambes gardent un souvenir concret d’une matinée en creux et bosses, auquel s’ajoutera peut-être celui que pourront conserver les nez, gorges, oreilles, soumis aux humeurs réfrigérantes de saints de glace errants.

Yves Coupel.